Un rattrapage s’impose!

Comme chacun·e l’a remarqué, le coût de la vie a fortement augmenté: une augmentation des salaires est nécessaire!

photo Eric Roset

Les salaires réels – corrigés de l’inflation – sont orientés à la baisse. C’était déjà le cas l’année dernière (-0,8%, d’après l’Office fédéral de la statistique, en moyenne nationale); il en ira de même cette année.

Un rattrapage s’impose!
Et pour cause: entre décembre 2020 et juillet 2022 (dernier chiffre disponible), l’Indice des prix à la consommation (IPC) – qui sert de référence pour mesurer l’évolution du coût de la vie – a progressé de 4,5%. Une telle augmentation n’avait plus été atteinte en Suisse depuis près de 30 ans!

Bref, il est impératif que toutes les collectivités publiques, au 1er janvier prochain, compensent au moins la hausse du coût de la vie. Une telle revendication est tout sauf déraisonnable: il ne s’agirait pas d’une augmentation des salaires réels, juste du rattrapage de la perte de pouvoir d’achat à laquelle nous avons dû faire face ces derniers temps! Ce serait donc vraiment la moindre des choses. C’est d’ailleurs ce qu’a décidé la Municipalité de la Ville de Lausanne, qui a indexé les salaires du personnel dès le 1er septembre à hauteur de 2,87%.

Aller au-delà de la compensation du renchérissement
Comme syndicat, nous demandons toutefois davantage. Nous estimons qu’il est nécessaire d’aller au-delà de la compensation du renchérissement.

  • Tout d’abord, parce que l’IPC sous-estime largement la hausse du coût de la vie: il ne prend pas en compte l'évolution des primes d'assurance maladie, dont l’augmentation, depuis l’introduction de la LaMal, est exponentielle.
  • Deuxièmement, parce qu’il est nécessaire, si l’on veut éviter toute perte de pouvoir d’achat, de tenir compte de l’inflation prévisible en 2023 (les salaires n’étant indexés qu’une fois par année, au 1er janvier). Elle sera du même ordre de grandeur que cette année, si ce n’est pire... Il est en effet déjà certain que les prix des énergies (électricité, gaz, etc.) vont augmenter. Idem pour les loyers. Il pourrait en aller de même de la TVA (+0,4 points). Et l’on nous annonce déjà une nouvelle flambée des primes maladie: 5% au bas mot, voire jusqu’à 10%!
  • Enfin, parce que cela fait des années, si ce n’est des décennies, que les collectivités publiques n’ont plus procédé à des augmentations salariales. Comme l’écrivait récemment Le Temps, les syndicats «ont dû se contenter de miettes lors des négociations salariales depuis la crise financière de 2008» (Le Temps, 9 août 2022).

En finir avec la redistribution à l’envers!
Plus généralement, la politique d’austérité à l’œuvre depuis belle lurette s’est traduite par la dégradation des conditions de travail du personnel. Du social à l’enseignement, en passant par la santé, le manque d’effectifs est flagrant. Sans même parler des coupes dans la prévoyance professionnelle: hausse de l’âge de la retraite, baisse des rentes, etc.

Les seuls qui ont profité de cette politique d’austérité, ce sont les grands patrons et actionnaires. Ils ont bénéficié d’un cadeau fiscal après l’autre: défiscalisation des dividendes, baisse de l’impôt sur les bénéfices, introduction de «boucliers fiscaux», etc.

Il est temps de mettre un terme à cette politique de redistribution sociale à l’envers! Il est temps de revaloriser le salaire des infirmières, des assistant·e·s sociaux·ales, des éducatrices de la petite enfance, des enseignant·e·s, de toutes celles et tous ceux qui font vivre le service public!

Une revendication raisonnable
Revendiquer une hausse des salaires réels est tout sauf excessif. Il n’y a pas photo par rapport à la progression du patrimoine accumulé par les possédant·e·s! Il suffit de rappeler que «la fortune des contribuables helvétiques possédant plus de 10 millions de francs a explosé de 108%, grimpant de 310 milliards de francs à 646 milliards de francs entre 2008 et 2018» (Bilan, décembre 2021).

Notre revendication est largement finançable. La situation des collectivités publiques permet d’envisager des adaptations salariales allant au-delà du renchérissement. L’année dernière, en pleine pandémie, les cantons ont en effet réalisé un excédent cumulé de 2,7 milliards de francs (alors même qu’ils tablaient dans leurs budgets sur un déficit de 2,5 milliards de francs…).

Bref, toutes les conditions sont réunies pour une augmentation des salaires réels.